Fanfiction Diablo III

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A la croisée des chemins

Par Nagrarok

A la croisée des chemins

Je me levai doucement. La lumière du soleil filtrait à travers la mince toile de lin qui recouvrait la fenêtre. La toile bougeait si peu qu'elle semblait suspendue dans le temps, comme tout le reste d'ailleurs. La chaleur était déjà écrasante. Ma chambre avait une forme primitive, elle semblait carrée. Ses murs, faits d'un mélange de pierres et de terre, prenaient doucement vie, alors que le soleil en illuminait précautionneusement les bases. Combien de temps avais-je dormi ? Je ne saurais le dire. Je pensais me réveiller pour la première fois. A l'évidence, les alcools arides distillés la veille dans l'auberge portaient enfin sur moi leurs fruits. Mes affaires gisaient là, dans un coin de la pièce qui n'avait pas encore vu le jour. Seule mon armure, adossée au mur telle la proue sculptée d'un navire, avait réussi à capturer quelques rayons qu'elle réfléchissait sur mon visage. Elle n'avait rien perdu de sa superbe. Son histoire était tourmentée, comme la mienne. Elle avait appartenu à mon père, et l'on pouvait encore y sentir du doigt toutes les cicatrices qu'il lui avait léguées lors de son ultime combat. Son métal était d'une rare qualité et ses bas-reliefs faisaient l'apologie du guerrier sacré, disait-il, du Paladin. Une suite incompréhensible de symboles pour le commun des mortels. Je me décidai à m'approcher de la fenêtre qui donnait sur une des rues grouillantes de Lut Gholein. La clameur du marché proche, par cette chaleur, était assourdissante. Mais la ville était splendide, comme d'habitude, et je regardais vers le large, loin au-delà des mers Jumelles. Le non-aventurier pouvait-il s'imaginer les forêts luxuriantes et épaisses qui recouvraient le Kehjistan, au-delà des flots ? Je ne le crus pas. Non, personne ne voulait connaître cet endroit. Pourtant il fallait me rendre à l'évidence : j'aurais à y aller un jour. Et aussi terrible m'était cette pensée, je devais l'ignorer, au moins pour le moment. Mon rôle dans le désert d'Aranoch eût requis sûrement davantage de force que mon esprit ne saurait jamais lui fournir. Je mis donc mon armure, empoignai le reste de mon équipement et sortis de l'auberge.

A peine franchi le seuil de la terrasse, je fus englouti par la fournaise du dehors. Les insectes virevoltaient furieusement autour de moi. Quelle mouche les avait piqués ? Sinistre présage fut leur acharnement à mon égard alors que j'entreprenais de rejoindre un marchand dont les biens me seraient bientôt utiles. Il s'agissait de Drognan, le mage et érudit de la ville. Je savais qu'il pourrait m'en apprendre un peu plus sur la quête qui m'animait mais en l'instant, son aide se limitait à me livrer quelques parchemins et conseils. Je le saluai.
- Bonjour à vous, me répondit-il d'un ton calme et éduqué.
Il n'aimait pas beaucoup les étrangers mais reconnaissait bien volontiers les grands faits d'armes. Les combats que j'avais livrés en Khanduras au nom des Rogues m'avaient manifestement valu les honneurs et la sympathie de certaines personnes. Je lui demandai s'il se rappelait de la question que je lui avais posée la veille.
- Oui, j'ai même fait des recherches, me dit-il. La prudence me garderait d'en parler, mais la relique que vous cherchez git sûrement dans un caveau des régions les plus reculées du désert d'Aranoch. Prenez garde cependant, car davantage vous vous hasarderez dans ce désert, plus nombreuses et démoniaques seront vos rencontres, jusqu'à ce qu'éventuellement, celles-ci vous fassent sombrer dans la folie ou la mort !
Je le remerciai pour ses avertissements et m'orientai vers la sortie de la ville. Je passai devant le somptueux palais, peut-être pour la dernière fois. Arrivé devant la porte principale, je remarquai l'ombre rectiligne que le soleil lui faisait dessiner à ses pieds. D'un côté, la sécurité, et de l'autre, non pas l'inconnu, mais la folie. Je franchis le pas, étais-je perdu ? Je trouvais amusant que cette frontière primordiale puisse-t-être symbolisée par cette fine ligne d'ombre qui se serait évanouie au crépuscule. Je passai ainsi ma première journée de marche à rêvasser sous un soleil de plomb, sans encombre. La nuit venue, je m'endormais lourdement et me couvrais d'une couverture à cause du froid.

Le lendemain, les choses sérieuses commencèrent. J'étais déjà assez loin de Lut Gholein pour qu'elle n'apparaisse plus à l'horizon. Le paysage était terne et d'un jaune pâle. On trouvait çà et là des dunes de sable recouvertes de rochers aiguisés mais en général, rien ne se profilait à l'horizon sinon les mirages créés par les ondulations de l'air brulant. Ce dernier sifflait à mes oreilles et brulait mon corps de l'intérieur à chacune de mes respirations. Le soleil était accablant et l'on se serait aisément cru dans les fourneaux de Charsi, la forgeronne ! J'imaginais être à la place d'une épée chauffée à blanc : quelle horreur ! J'en riais. Soudain, j'entendis un vrombissement sourd mais proche, qui mit fin à mes tentatives de me divertir. Au fur et à mesure que je me rapprochais, le bruit devenait de plus en plus distinct. Je sus quand je vis son origine que je courrais à ma perte. J'étais en présence d'essaims démoniaques. Ne sachant pas trop quoi faire, je battis d'abord en retraite avant de me ressaisir. Je pensai aux moucherons qui m'avaient suivi si longtemps en ville. Si ceux-là m'avaient poursuivi, comment pouvais-je être aussi stupide pour croire que je sèmerais ces essaims de furieux ? Il me fallait me battre ! Je dégainai mon épée et les chargeai, de toutes mes forces ! Mais je passai à travers sans même les toucher, alors qu'eux m'infligèrent des dizaines de morsures, drainant mon énergie. Je balançai mon épée dans toutes les directions mais rien n'y faisait, ces monstruosités y seraient insensibles ! J'étais perdu, c'était sûr ! Il me fallait trouver une solution, et alors que leur bourdonnement redoublait d'intensité pour atteindre un paroxysme affreux me submergeant complètement, je repensai, l'espace d'une fraction de seconde, aux enseignements pieux de mon père. Si j'en appelais à la lumière, je trouverais le salut ! Je me rassemblai donc en moi et me concentrai de toutes mes forces afin de faire émerger le feu sacré. Soudain, un son tonitruant déchira l'atmosphère dense et brulante du désert avant de s'éteindre aussi vite qu'il était apparu. Seul le silence le plus absolu demeura ensuite. Des flammes avaient jaillies de tous sens et sur chaque essaim. Tous, étaient réduits en poussières. Cela avait marché ! Tous ces insectes étaient bien anéantis ! Je laissai exploser ma joie de m'en être sorti vivant.

En me relevant, ce que je vis acheva de me subjuguer. L'entrée du caveau se trouvait là, devant moi, à moins de cinquante pieds ! Je fis quelques pas en direction de l'entrée mais je fus aussitôt dévasté. Les piqûres des insectes avaient eu raison de moi. Alors que je venais à peine de me lever, je dus me rasseoir. Je ne pouvais plus bouger, ces damnés insectes m'avaient sucé le sang jusqu'aux os. C'était à mon tour d'être anéanti, mes membres devenaient soudain engourdis, les mouvements de mes doigts étaient hésitants, ils tremblotaient comme ceux des vieillards et la gravité me faisait m'affaisser. Petit à petit, le simple fait de reposer à terre sur mes mains m'épuisait. L'ombre et la fraicheur du caveau étaient toute proches mais je ne pouvais bouger. C'en était fini. Je voulais crier mais la force me manquait. Je voulais verser des larmes mais mon corps tout entier était asséché. Voilà donc quelle serait ma fin, j'allais mourir ici et l'on retrouverait plus tard mon squelette blanchi et mon armure...
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