Fanfiction Diablo III

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Arwynn

Par Artaras
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Arwynn

Arwynn

Quatre des cinq carreaux atteignirent leur cible. Quatre morts-vivants se disloquèrent sous l'impact, leurs os retombant sur le sol dans un tintement sinistre. Les autres continuaient de se ruer sur leur proie, implacablement. Un carreau embrasé jaillit soudain de l'arbalète, laissant une trainée de flammes dans son sillage, et vint se ficher dans la tête d'un mort-vivant qui n'eut pas le temps de réagir. Roulant sur le côté dans un mouvement d'une extrême rapidité, la chasseresse décocha à la suite plusieurs projectiles pareillement embrasés. Chaque carreau, malgré l'effarante vitesse à laquelle ils étaient tirés, faisait d'énormes dégâts dans les rangs des morts-vivants.

On aurait pu croire de prime abord que la chasseresse tirait au hasard dans diverses directions, prise de panique, submergée par le nombre anormalement élevé d'ennemis. Mais il n'en était rien. Au contraire, d'un calme placide malgré l'intensité de la bataille, elle faisait preuve d'une lucidité désarmante, exécutant chaque mouvement avec grâce et méthode, tirant chaque carreau ardent avec une précision diabolique. Tout allait très vite, et les morts-vivants ne réalisèrent pas ce qu'elle faisait réellement. En une dizaine de petites secondes tout au plus, une très grande partie des assaillants se retrouva littéralement encerclée par les flammes. La chasseresse lança alors plusieurs grenades dans le tas, et l'explosion qui s'ensuivit pulvérisa littéralement les squelettes ambulants.

Les quelques rescapés tentèrent de s'enfuir. Elle sortit alors deux dagues de sa ceinture et se rua vers eux. Le spectacle devint encore plus surréaliste : tourbillonnant sur elle-même, elle semblait danser, virevoltant à travers la nef de l'ancienne cathédrale. Elle dansait bel et bien ; à un détail près : elle dansait avec la mort. Chaque fois qu'elle effleurait l'un des morts-vivants, celui-ci se faisait tailler en pièce sans que cela ne ralentisse aucunement son mouvement. Là encore, chaque pas de ce ballet mortel était fluide et calculé, ne laissant pas l'ombre d'une chance à ses ennemis.

Tout s'arrêta brusquement. Elle rangea ses dagues après les avoir essuyées délicatement. Seules quelques volutes de fumées, derniers vestiges des flammes laissées par ses carreaux, témoignaient de la boucherie qui venait de se dérouler quelques minutes auparavant. Comme elle s'y attendait, tous les cadavres avaient disparu. Plus un seul ossement n'était visible. L'atmosphère était toujours aussi pesante, la vieille bâtisse toujours aussi lugubre. La lumière blafarde avait toutes les peines du monde à percer les vitraux, rendus opaques pas des années d'abandon.

Elle circulait parmi les quelques bancs qui restaient dans ce lieu délabré, déjà éventrés avant son arrivée. Bon sang, que se passait-il ? D'où sortaient ces créatures de cauchemar qui pullulaient depuis quelques semaines ? Elle avait eu du mal à réaliser qu'elle ne rêvait pas, lors de sa première confrontation avec ces abominations. Aujourd'hui, il lui semblait avoir plongé dans un cauchemar dont elle ne parvenait pas à se réveiller. Quelle sorte de sorcellerie pouvait bien être à l'oeuvre ?

Elle avait d'abord pris les histoires qui se murmuraient dans l'auberge de Tristram pour des contes à dormir debout. Très pragmatique et cartésienne, elle ne croyait guère à ces légendes. Elle avait pourtant reconsidéré ses positions depuis environ un mois. Les morts-vivants et autres déterrés qu'elle avait croisés étaient bien réels. Ils semblaient même se multiplier. D'ailleurs, à force de combattre ces hordes infâmes, ses aptitudes au combat s'étaient décuplées. Elle avait bien sûr toujours été très agile, maniant son arbalète à double détente avec une grande dextérité. Mais c'était sans commune mesure avec les aptitudes qu'elle avait acquises ces dernières semaines.

Elle était aujourd'hui capable de maîtriser une arbalète à quintuple détente. Cinq projectiles à la fois. Cela dépassait l'entendement, elle s'en rendait évidemment compte. Mais ce n'était pas tout. Elle parvenait à manier une arbalète légère dans chaque main. En se concentrant, elle pouvait désormais décocher des carreaux enflammés, utiliser des tirs explosifs, des tirs ralentissants, et était passée experte dans le maniement des dagues, aussi bien en combat rapproché qu'au lancer. Comment avait-elle réussi à développer ses capacités ? Elle n'en savait rien. Mais elle était bien déterminée à trouver la réponse à toutes ces questions. Elle avait le sentiment que quelque chose d'extrêmement grave se tramait.

Un hurlement d'effroi déchira soudain l'air. Un cri inhumain, perçant, atroce, comme elle n'en avait jamais entendu. Un deuxième, puis un troisième cri suivirent presque immédiatement le premier. Des frissons lui parcoururent l'échine. Les bruits provenaient de sous le sol. Elle tenta de se ressaisir, mais la terreur pouvait se lire sur son visage. Elle parcourut une nouvelle fois la nef du regard, et ses yeux habitués à la pénombre s'attardèrent sur un détail qu'elle n'avait pas remarqué auparavant. Oui, c'était cela : des escaliers s'enfonçaient dans le sol. Une crypte ! Elle se dirigea vers les escaliers, et entreprit de les descendre, tandis que d'autres cris sourdaient des profondeurs de la crypte.

Elle avait l'impression de descendre dans les entrailles de l'enfer. La lumière s'amenuisait à mesure qu'elle avançait, dévorée par des ombres impénétrables. Les murs étaient moites, l'air saturé d'humidité. Une sordide odeur de cadavre en décomposition flottait dans l'air. Les quelques torches murales qui restaient çà et là étaient pourries depuis longtemps. Elle avançait prudemment, tous les sens aux aguets. Une violente onde de choc fit soudain trembler les murs du corridor dans lequel elle se trouvait, immédiatement suivie par un concert de plaintes d'agonie mélangées au bruit très caractéristique de la chair écrabouillée.

Elle réagit immédiatement et tira un trait de lave afin d'éclairer son chemin. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer une telle déflagration ? Elle se hâta d'avancer tant que son chemin était éclairé. Elle commençait à distinguer des bruits provenant d'un autre couloir, un peu plus loin. Oui, on se battait quelque part dans cette crypte. Se laissant guider par les sons répercutés par les murs de la crypte, elle finit pas déboucher sur une pièce relativement large. Le spectacle qu'elle vit alors lui glaça les sangs.

Des créatures qu'elle n'avait jamais vues auparavant se tenaient là, éparpillées dans la pièce. Le corps intégralement rouge, des cornes saillant du sommet de leur crâne, ils semblaient indécis. Son regard se porta sur les murs de la pièce, et elle en comprit la raison. Des résidus de ces créatures démoniaques parsemaient les murs, leurs entrailles dégoulinant le long des pierres, les organes les plus lourds jonchant le sol. Un rayon lumineux jaillit à ce moment du fond de la pièce et elle vit un des monstres exploser. Une série d'éclairs suivirent la première attaque, les démons étant désintégrés sur place par poignées à chaque impact. Elle comprit alors que la personne à l'origine de ces éclairs avait également provoqué l'explosion qui avait précipité les démons sur les murs à une vitesse prodigieuse.

L'inconnu semblait maitriser une forme de magie qui était totalement étrangère à la chasseresse. Se battant avec une rapidité foudroyante, il se déplaçait tellement rapidement qu'il semblait même parfois se téléporter. Des éclairs jaillissaient dans tous les sens, aussi précis et mortels que l'étaient ses carreaux. Apparemment, il s'en sortait à merveille et n'avait pas besoin d'aide, même si les créatures qu'il affrontait semblaient plus coriaces que de simples morts-vivants. Elle n'osait intervenir, de peur de blesser cet adepte de la sorcellerie.

Soudain, les derniers démons disparurent en l'espace d'un instant. Volatilisés, nul ne savait où. Probablement dans ce fameux Enfer dont tout le monde parle. Se pourrait-il que ces légendes sur des démons primordiaux qui auraient un jour envahi le monde soient plus que des légendes ? La tension retomba brusquement, et elle constata qu'il subsistait une étrange lumière. L'inconnu avait illuminé sa paume, qui rayonnait à travers la pièce. Elle vit à cet instant que l'inconnu était en fait une inconnue. Médusée, elle avança, sans prononcer un mot. La sorcière la dévisagea longuement, l'air grave. Les deux jolies jeunes femmes se faisaient maintenant front.

- Ta manière de combattre est vraiment... hallucinante, déclara finalement la chasseresse. Comment te nommes-tu et où as-tu appris à manier une magie aussi dévastatrice ?
- Je me nomme Amaryllia, et pour tout te dire, tout cela est très récent. C'est comme si un pouvoir tapi au fond de moi depuis des décennies ne demandait qu'à sortir et avait enfin été libéré. Et toi l'amie, quel est ton nom ?
- Arwynn, déclara la chasseresse. Quand ton pouvoir s'est-il révélé ?
- Il y a un mois environ. Pourquoi cette question ?

Arwynn crut que ses jambes allaient défaillir. Elle allait répondre à la sorcière lorsqu'un bruit métallique émana du couloir. On venait de défoncer une porte, et une meute de démons déchainés semblait se diriger vers elles en courant.

- Je crois que nous allons devoir attendre encore un peu avant de faire connaissance, lança-t-elle en attrapant ses deux arbalètes...
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