Fanfiction Diablo III

La nuit tombait. Il était temps. Guildoras et Arawn sont partis en reconnaissance. Je les ai suivis du regard. Plus loin, les tours de guet du village découpaient leur silhouette bancale sur la pourpre du soir.

- Plutôt ironique, non ?

Emji s'était approché. Je lui ai lancé un regard interrogateur.

- Poétique, la déco, il a expliqué.

J'ai acquiescé. La scène était sublime, et plutôt déplacée. Mes pensées se sont tournées vers les étendues désertiques que nous avions décidé de traverser. L'enfer. Mais comment aurais-je pu deviner ?

- Pas ta faute.

Emji n'était guère loquace, et son inhabituelle sollicitude me réchauffait le coeur. Cette chose dans le désert nous avait décimés avant qu'on réalise ce qui nous arrivait. Notre chaman fermait la marche ; il avait été le premier. Comme aspiré dans le sable. Son hurlement avait alarmé tout le monde, mais notre adversaire avait déjà disparu. Tanos, l'immense barbare qui menait la colonne, s'était effondré dans un cri de surprise, percé de part en part. On s'était organisé aussi vite que possible. Dylfos avait ordonné aux guerriers barbares de se placer en cercle autour des sorciers, le temps qu'ils tissent leurs sorts de protection. Quelque chose avait surgi, une créature imposante et pourtant plus vive que tout ce qu'il m'avait été donné de voir. Ca avait bondi, et deux autres étaient tombés. Mais soudain l'air avait paru vibrer, le monde virer au mauve, et les mouvements de notre adversaire avaient brusquement ralenti. Les barbares avaient profité du puissant sortilège qu'avait lancé Firyadan, abattant leurs énormes épées sur le corps granuleux de la créature. L'un d'entre eux avait effectué une charge brutale, et la peau couleur de sable s'était fendue d'un sanglant sourire. La bête avait poussé un effroyable hurlement. Nous la tenions.

Il y avait eu un sifflement, puis un autre. Quelque chose avait heurté violemment mon épaulière osseuse, et une douleur sourde s'était répandue dans mon deltoïde. Faisant volte-face, j'avais découvert Onirius qui fixait, incrédule, la hampe rouge enfoncée dans sa cuisse. Une troupe de guerriers morts-vivants avait profité de notre situation délicate pour passer à l'assaut.

- Onirius ? j'ai demandé à Emji, laissant derrière moi ces mauvais souvenirs.

- Ca ira. Il a beaucoup saigné, beaucoup juré, mais il est solide. La flèche était fichée dans le fémur.

Firyadan a dû forcer un peu.

Onirius était assis près d'un petit feu de brindilles, la cuisse enserrée dans une épaisse bande de tulle. Il fixait les flammes d'un air sombre, un poignard virevoltant nonchalamment entre ses doigts. Je me suis approché.

- Géniale, l'idée, Akashar, il a dit. Une merveilleuse promenade dans les dunes. Le ton était acerbe, mais le regard matois du chasseur démentait ses paroles. J'ai souri. Onirius allait bien.

- Combien, il a demandé.

- Six.

- Bon sang, on n'avait vraiment pas besoin de ça. Arawn est entier ?

- Pas une égratignure. C'est qu'il est vif, le petit. Mais au bord de la crise de nerfs. Je l'ai envoyé en reconnaissance. Guildoras l'accompagne.

- C'était quoi ce truc, à ton avis ? Une sorte de fouisseur géant ? Térébrant, peut-être...

- Possible, mais je n'y crois pas. Si des térébrants de cette trempe existaient, ça se saurait. Par Tyraël, avec quelle violence il a brisé le sort de Firyadan ! Il a suffi d'un instant d'inattention - foutus mortsvivants. On s'en est pas si mal tirés, finalement.

Une pomme de pin a filé dans les airs. Trop tard pour esquiver, je l'ai prise en plein museau. A l'autre bout de la trajectoire, Kymax, arborant un large sourire, nous faisait signe de venir : Guildoras et Arawn étaient rentrés au campement.

Arawn gambadait, le visage rayonnant. Un peu plus loin, son acolyte secouait la tête d'un air désespéré.

- Arawn a une grande nouvelle à vous annoncer, les gars, a lancé Guildoras d'une voix monocorde.

- Vous n'allez pas le croire ! s'est exclamé le jeune sorcier, fébrile.

Plusieurs visages se sont tournés vers lui, intrigués. Heinrich et Kristalà ont interrompu leur partie de dés. L'excitation d'Arawn était inhabituelle.

- Ce type est une légende, presque un dieu d'où je viens, a poursuivi Arawn. Et il est ici, dans ce village perdu au milieu de nulle part !

Les autres se sont approchés. Quelques murmures ont parcouru l'assistance. « Tyraël ?», « Impossible ! », « incroyable !»... Des yeux se sont écarquillés, et des sourires impatients se sont dessinés sur les visages épuisés.

- Deckard Cain ! s'est écrié Arawn, Deckard Cain est ici !

L'atmosphère est retombée d'un coup. Les sourires se sont figés, les chuchotements mués en soupirs.

- Oaah, c'est pas vrai... Il en a pas assez fait, celui-là ? Onirius avait retrouvé sa mine renfrognée. Le dernier des Horadrim ? Vu les prouesses du vieux, suis pas étonné que les autres aient cané. Hey, Emji, t'entends ça ? Le vieux radin est pas encore mort.

- Akashar, on peut encore éviter le patelin, a lancé Emji, l'oeil torve. Il n'est pas trop tard.

- Déconnez pas, a lancé une voix, on peut pas faire ça, il paraît que ce village possède un superbe dizaÿn.