Fanfiction Diablo III

Les sages prétendent parfois que la vie d'un être humain suit les lois d'une mécanique étrange qu'ils appellent destinée. Mais à mes yeux, ce ne sont que des balivernes. Le destin n'existe pas ; il ne peut pas exister.

Cela fait maintenant des années que je chasse les démons et autres créatures néfastes et nuisibles. Certains, parmi ceux qui m'ont croisée, me demandent pourquoi une aussi jeune et belle femme que moi s'est lancée dans une mission aussi dangereuse, brutale et sanglante. Pour leur répondre, je me contente en général de les regarder, en disant tout à fait ironiquement : « il faut croire que c'était ma destinée ».

La vérité ? Je pourrais bien prétendre que c'est à cause de la mort de mes parents, assassinés sauvagement par une horde d'atroces créatures sorties des limbes, je pourrais aussi dire que c'est pour protéger les faibles et les innocents, ou encore pour préserver la justice et la paix. Mais tout ceci sonnerait faux. La vérité, dans notre monde sauvage, est toujours plus sombre que ce que les gens sont prêts à entendre.

Il est vrai que mes parents ont été assassinés par une légion démoniaque, mais cela ne m'a pas touché. Dès que je fus en âge de marcher, de parler et de les comprendre, ils me révélèrent qu'ils étaient des chasseurs d'un genre particulier, que leur activité était particulièrement dangereuse et qu'ils pouvaient passer de vie à trépas à n'importe quel moment. Ce furent d'ailleurs eux qui m'entraînèrent au maniement de différents types d'armes, et surtout, qui m'expliquèrent comment traquer nos proies, comment nous fondre dans le paysage, comment attaquer toujours par surprise. Vous l'aurez deviné, un tel entraînement sur une jeune fille a de profondes conséquences, parmi lesquelles la perte progressive de toute trace d'émotivité. Lorsqu'ils sont partis, je n'étais encore qu'une jeune fille, parfaitement apte à me débrouiller par moi-même. Ils me dirent vouloir aller enquêter sur les événements qui étaient arrivés il y a peu de temps et qui avaient impliqué la destruction totale de Tristram. Dans leur dernier rapport, ils parlaient d'une ville ravagée et habitée par le Mal, de pauvres innocents torturés, notamment en vieil homme en cage. Ils avaient repéré celui qui semblait être le chef de ces abominations, une créature qui ressemblait encore vaguement à un cadavre d'être humain, visiblement habité par un démon. Au vu de son attirail, mes parents estimaient qu'il s'agissait d'un ancien forgeron.

Depuis ? Je n'ai plus eu de nouvelles de leur part, excepté lorsque j'ai vu de mes yeux leurs cadavres. En effet, après quelques mois sans rapport, je me suis mis en route pour les rejoindre. Une fois arrivé à Tristram, je constatais que la situation avait bien changé : plus de démons, plus personne emprisonné. Visiblement quelqu'un avait dû passer et s'en occuper. Je crus au début que mes parents l'avaient fait, mais soudain, je vis une petite butte à proximité immédiate de la ville. Sachant que mes parents s'en seraient servis comme d'un point d'observation, j'y allai. Et je les vis : leur campement piétiné, leurs armes détruites au sol et surtout, surtout leur cadavre.

Comme je vous l'ai déjà dit, leur entraînement m'avait fait perdre toute émotivité. Les voir ainsi ne me toucha guère, et je ne perdis pas ma concentration, ce qui me sauva sans l'ombre d'un doute. En effet, au lieu d'agir comme une jeune fille « normale » et de tomber à genoux pour pleurer et maudire le sort, je sortis tranquillement mon matériel et brûlai leurs corps, tout en leur offrant une dernière prière. Au moment où leur corps s'embrasait, celui de ma mère se leva brusquement et poussa un hurlement strident avant de s'effondrer pour de bon. Comme je l'avais pensé, les démons ne s'étaient pas contentés de les tuer, ils en avaient aussi pris possession et la disparition complète de leurs corps étaient la seule manière convenable de leur rendre hommage.

Ce n'est donc pas par vengeance que je traque et tue les monstres. Ce n'est pas non plus par justice, car ma vision de la justice se résume à une phrase : les démons n'ont pas leur place ici. Enfin, protéger les faibles et les innocents ne m'intéressent pas non plus. Si je peux en sauver grâce à mes actes, tant mieux, mais je ne cherche en premier lieu qu'à tuer ces horreurs.

Alors pourquoi ? pourquoi je traque et tue des créatures dont la simple vue défie la raison mentale du plus équilibré des moines ? Je n'aurai qu'une seule réponse à apporter à cela : le plaisir de la chasse. Rien n'est plus gratifiant à mes yeux que de voir le regard des démons se troubler lorsqu'ils comprennent que je viens d'inverser l'ordre naturel des choses, lorsqu'ils devinent que le chasseur est devenu la proie, et vice-versa. C'est la seule et unique raison qui me pousse à continuer ma lutte.

Si vous lisez ces lignes, cela veut dire que vous avez trouvé mon campement, et je peux déjà vous en féliciter. Ne vous inquiéter par pour moi et prenez les vivres dont vous aurez besoin, je n'y reviendrai pas. En effet, je suis maintenant en route pour la Nouvelle Tristram. D'après les dires, de nombreux démons y auraient fait à nouveau apparition. Une nouvelle chasse vient d'être lancée.

Au fait, pour prendre les vivres il faudra surmonter les pièges que j'ai placés dans mon camp : vous comprenez sans doute que je ne pouvais pas prendre le risque de nourrir un démon. Je ne saurai donc que trop vous recommander la prudence. Un accident est si vite arrivé.