Fanfiction Diablo III

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Texte de Greyplayer

Par Greyplayer#138

Texte de Greyplayer

La nuit et la neige commençaient à tomber quand nous arrivâmes en vue d'Harrogath. La plus belle cité du monde, m'avait confié avec fierté mon compagnon de voyage. C'était un natif de là-bas, un homme colossal, avec toujours un fou rire communicatif prêt à exploser. Je ne pus me résoudre à lui avouer qu'à la triste lumière de la fin de journée - lumière gâchée par les fumées qui obscurcissaient le soleil - je trouvais un air bien piteux à ce ramassis de maisons en bois. Le donjon et les murs avaient l'air solides, mais les quartiers intérieurs auraient pu passer pour les quartiers les plus pauvres d'une ville de l'Ouest de taille moyenne. On pouvait même s'étonner de la résistance qu'elle opposait aux armées de Baal. Les barbares qui l'habitaient devaient vraiment être de formidables adversaires.

Mon compère pressait le pas sans même s'en rendre compte, courant presque, envahi par la joie de retrouver son foyer, et possiblement une grande cruche de bière et un quartier de porc rôti. Il arriva aux portes bien avant moi, même pas essoufflé, et tambourina de ses poings massifs. Je poussais un soupir de découragement en haletant, épuisé par la course ; nous venions de traverser les lignes du siège ennemi sans alerter quiconque, et voilà qu'il manquait de nous faire repérer en gueulant pour se faire ouvrir. Heureusement, seules les sentinelles d'Harrogath réagirent, et nous ouvrirent le lourd vantail après qu'il eut beuglé de sa voix assourdissante : "WAERIC! Si tu nous laisses dehors à nous geler les pommes de terre, je t'écorche vif et je te pends aux créneaux!". Et là-dessus, il éclata de rire, entra d'un pas vif, et les portes massives se refermèrent derrière nous avec un bruit sourd.

Une femme s'approche de nous d'un pas sûr ; un sourire orne son visage, et ses yeux semblent sourire aussi, malgré les traces de larmes et de fatigue qui les habitent. Parvenue à quelques pas de nous, elle incline légèrement la tête vers mon compagnon, qui met immédiatement un genou à terre. Son regard se tourne ensuite vers moi, et je le soutiens.

"Qui que vous soyez, soyez le bienvenu à Harrogath si vous comptez nous aider à résister aux légions de Baal. Je suis Malah, la guérisseuse.
- Je suis un nécromancien de l'ordre du Bélier. Baal est mon ennemi autant que le vôtre. On dit qu'en plus des démons, des hordes de morts marchent avec lui. Je ne le tolérerai pas.
- Un nécromancien...."

Son regard s'est assombri, et ses yeux se sont étrécis.

"Vous ont-ils fait tant de tort, que la haine que vous leur portez se détourne vers moi?
- Un surtout. Mais ne vous inquiétez pas. Nous vous jugerons à vos victoires sur le champ de bataille. Et Hrothgar vous fait confiance.
- Ce traître de Nihlathak! Puisse-t-il souffrir cent fois la souffrance qu'il a causée", crache une jeune femme qui vient de se placer à coté de Malah.

La nouvelle venue a des cheveux couleur blé mûr et une silhouette énergique malgré les fourrures qu'elle porte pour se protéger du froid mordant. Elle tient à la main un arc qui paraît difficile à bander.

"Il a vendu son âme à Baal, et c'est moi qui ai dû délivrer Anya de sa prison de glace.

- IL A OSE FAIRE DU MAL A ANYA? OU EST-IL?", rugit à coté de moi l'immense barbare, en claquant violemment ses armes l'une contre l'autre. "OU EST CE CHIEN, QUE JE L'ETRIPE?
- Il y a plus grave." l'interrompt Malah, calmant d'une seule phrase cette montagne de chair tonitruante. "Baal est en ce moment même au coeur du mont Arreat, à se rapprocher de la pierre-monde. Qu'il la corrompe, et tout est perdu."

Si j'avais cru que la mention d'une attaque sur cette Anya avait mis mon ami en fureur, je me suis lourdement trompé. Le voilà qui tempête, tourbillonne, agite ses armes en tous sens, et hurle contre ce sacrilège. Dans sa colère, il frappe du tranchant de sa hache un poteau de bois épais comme moi qui se fend en deux jusqu'au coeur. Ce doit vraiment être terrible de l'avoir pour adversaire.

Le soir, au conseil de guerre, Malah et un certain Qual-Kehk nous résument la situation.

"La priorité est d'arrêter Baal. Il ne doit à aucun prix parvenir à son but. Mais nous ne pouvons pas nous permettre de laisser Harrogath sans défense. Nihlathak et les autres démons en profiteraient, et si la cité tombe, tous pourront accéder à la pierre-monde. Le Seigneur de la Destruction n'est pas le seul danger qui la menace.
- Ce Nihlathak, il est puissant?" Ma question paraît les surprendre.
"C'est le dernier Patriarche, et il marche avec les morts. Personne ne connaît vraiment les limites de son pouvoir, mais il est grand.
- La ville devrait pouvoir tenir contre les démons mineurs même sans nous. Envoyez Hrothgar et l'Amazone contre Baal. Je me charge de Nihlathak. Je vais apprendre à ce gamin comment on manipule la mort.
- Nihlathak, un gamin? Il est sans doute plus vieux que vous, répond l'Amazone.
- Je ne crois pas, non." Ma main s'est posée sur sa joue, et je sais ce qu'elle sens : un froid glacial, bien plus que le froid environnant, qui la mord jusqu'aux os. Elle ouvre des yeux ronds.
"Mais... vous êtes....
- Mort, oui. Je suis mort il y a plus de trois cents ans.
- Comment est-ce arrivé? Comment est-ce même possible?
- J'étais bien jeune à l'époque. Très jeune, plus puissant que jeune, et plus arrogant que puissant. Mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Aucun des anciens manuscrits interdits que j'ai lu ne m'ont offert d'explication. Peu importe, du reste. Je peux vaincre Nihlathak.
- S'il se rend compte que vous êtes mort...
- Il me détruira en un battement de cils. Mais j'ai bon espoir qu'il ne s'en rende pas compte. Je suis une aberration. Je ne devrais pas exister. Et de toute façon, on n'a pas le choix. Je suis celui qui a le plus de chance de le battre. Une fois que ce sera fait, je viendrai vous aider à affronter Baal."

Je suis parti le lendemain, avant que le soleil ne se lève. Le siège mis en place autour d'Harrogath ne m'a pas vraiment gêné, et je suis arrivé sans encombre aux portes de l'antre de Nihlathak. Je m'engage dans ce labyrinthe sans crainte. Les murs constitués de cadavres, et le sol, une boue de chair de cadavre ; même sans mon sens de l'odorat, je peux presque toucher la puanteur. J'ai tout ce qu'il me faut pour me fabriquer la plus grande armée de morts que j'aie jamais contrôlée. L'errance me semble interminable. Je ne croise personne, si ce n'est quelques zombies promptement mis en pièces par mes servants. Mais je sais ce que je cherche : le seul souffle de vie de tout ce temple dédié au trépas. Les zombies se font plus denses, mais, sans leur maître, ne sont pas une véritable menace. Et leur maître a peur. Il a peur de moi, avant même de m'avoir vu. Il a peur de tout, et cette peur le rend fou. Il se terre au fond de son trou, je le sens, je le vois. Il est là, dans cette salle illuminée de feux.

Nos armées se jettent l'une sur l'autre. Il a des dizaines et des dizaines de monstres sous ses ordres, mais je suis plus nombreux. L'exiguïté de la salle réduit mon avantage du nombre, mais l'issue du combat ne fait aucun doute. Le voilà qui lève la main, et il prononce les mots de pouvoir ; Une violente explosion secoue la salle, projetant des débris de chair dans toutes les directions. L'explosion morbide. Le souffle a pulvérisé des squelettes des deux camps, ajoutant à son danger des esquilles d'os volant à des vitesses dangereuses. Et ce fou continue. Il utilise son sort à nouveau, sur les corps créés par la première incantation. De proche en proche, les explosions se rapprochent de moi. Un zombie s'écroule à mes pieds, la tête arrachée par un bras volant. Je vois le cadavre s'agiter de frémissements qui deviennent spasmes, puis il se met à bouillonner. L'explosion qui suit est bien plus violente que les précédentes : mes oreilles sifflent, je titube, et pourtant je suis indemne. J'ai invoqué à temps deux golems d'argile, formés du mélange de terre et de sang qui tapisse le sol. A moitié détruits, couverts de morceaux de chair brûlante, mais ils m'ont bien servi.

Le temps se suspend. Il ne nous reste qu'une poignée de squelettes à chacun, mais Nihlathak est épuisé par ses attaques, le souffle court, tandis que j'ai économisé mon énergie. Il est temps de lui montrer les vraies limites de mon pouvoir. De partout s'extraient des squelettes, des zombies, ou de simples membres inutiles, mais qui s'agitent quand même. J'ai en mon contrôle des milliers de créatures. Le cliquètement des os et des viandes pourrissantes devient assourdissant. Ce n'est plus de la peur qui anime mon adversaire à présent, mais de la terreur. Terreur mêlée d'envie, et de rage, mais terreur quand même. Mes servants se rapprochent lentement de lui jusqu'à le bloquer dans un coin de la pièce. Mais au moment de porter le coup fatal...

Il disparaît. Un chuintement se fait entendre juste derrière moi, et je ne me retourne que pour l'apercevoir avec un sourire carnassier sur le visage. Sa main droite est dans une position qui ne laisse aucun doute : c'est le Toucher de la Goule, une technique de haut niveau mais dangereuse, qui vole à l'autre sa substance et son énergie. Je n'ai pas le temps de réagir. Sa main va vite, si vite, et voilà qu'elle se colle sur mon torse...

Comme je l'espérais. Et il a compris. Si absurde que la conclusion puisse lui apparaître, il a compris à la seconde où ses doigts se sont enfoncés dans la chair pourrissante de ma poitrine. Mais c'est trop tard. Je sens la connexion entre nous, et je sens ma mort qui se précipite le long de son bras que je maintiens en place. J'applique à mon tour ma main sur sa poitrine, et je lui vole sa vie. Et je sais qu'elle va rester en moi, cette vie, à présent que ma mort est partie dans son corps. Le transfert terminé, Nihlathak relève la tête. Son visage déjà gris est presque suppliant. Mais je l'éloigne de moi d'un violent coup de pied, avant de prononcer des mots qui n'ont jamais retenti de façon si glorieuse. L'explosion qui résulte de son corps n'a rien de spécial, mais je n'en ai jamais vu de plus belle. Je suis débarassé de ma mort. Je suis de nouveau vivant. Alors que l'odeur âcre du temple me prend à la gorge, je sens de nouveau la chaleur du sang envahir mes doigts avec un picotement. Je me sens incroyablement faible, et pourtant invincible. Je sens le froid qui hérisse ma peau, et pourtant je brûle d'une fièvre sans pareille. Je suis vivant.

Quand je sors du temple, le soleil du matin me pique les yeux. Je regarde l'horizon. Au Sud, mon ancien pays, où tous ceux que je connaissais m'ont renié il y a bien longtemps maintenant. Au Nord, Hrothgar et une Amazone affrontent Baal et ses légions pour sauver le monde. Mais que m'importe Hrothgar? Que m'importe le monde? Que m'importait de vaincre Nihlathak, si ce n'est pour qu'il vole ma mort? Le monde peut bien crever, je m'en moque. Je suis vivant. Je réajuste mon sac sur l'épaule, et prend le chemin du Sud.
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