Fanfiction Diablo III

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Un été d'ombres

Par Thalan
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Chapitre 1 : Au pied du Grand Mont

La première goutte de pluie tomba sur son épaule. Lourde, chaude, elle annonçait l'orage à venir. « Quel été sinistre... » pensa Aodhan « ...le ciel gronde chaque soir, à présent. »

L'été des terres barbares était bref, frais et souvent entrecoupé de tempêtes. Mais depuis que le mont Arreat avait été fendu, lors de la mort de Baal, le ciel semblait ne plus vouloir se calmer. Comme si il en voulait aux barbares d'avoir failli dans leur garde... comme si il voulait chasser ceux qui, comme lui, vivaient encore dans ce qui restait de leurs terres sacrées.

Voilà plus d'une heure déjà qu'il attendait, tapis à l'orée d'une clairière, surveillant le cimetière qui était dressé là. La nuit tombante ne facilitait pas sa tâche, et cet orage n'allait certainement pas l'aider non plus.

Une autre goutte s'abattit sur le sol, soulevant un petit nuage de poussière. D'autres gouttes tombèrent, éparses. Puis en quelques secondes, ce fut tout un déluge qui chut du ciel, dévalant la terre et les branches des arbres. Il s'étira, plutôt soulagé que l'orage chasse la chaleur de l'air. Le parfum de résine qui régnait dans la forêt fut vite remplacé par l'odeur grasse de la terre humide.

Bientôt, de lourds filets d'eau dégoulinèrent des extrémités des branches, arrosant copieusement son dos. Il était torse nu et ne portait qu'un pantalon de cuir. Ses robustes bottes baignaient dans la flaque tiède qui se formait autour de lui.

Une demi-heure passa. Il était si trempé qu'il se décida à enlever son casque de cuir, révélant des cheveux noirs légèrement bouclés et à présent gorgés d'eau. Il tordit le morceau de cuir pour le sécher un peu, le roula sur lui-même et l'accrocha à sa ceinture.

« Hé bien » pensât-il « Si je ne trouve rien, au moins aurais-je été lavé. » Il se frotta distraitement les bras pour aider l'eau à en chasser la poussière. Quelques secondes plus tard, il se figea.

Là, au coeur de la clairière, retentit un bruit étouffé et clapotant. Aodhan ne distinguait aucun mouvement au travers du rideau de pluie, mais ses instincts barbares flairaient quelque chose. Il souleva sa hache, jusque-là plantée dans le sol, et s'enfonça un peu plus sous les arbres.

Le cimetière était vieux, très vieux : les barbares, depuis des temps immémoriaux, enterrent leurs morts sur les flancs du mont Arreat. Ce n'était plus qu'une clairière envahie par les mauvaises herbes, d'où émergeaient quelques cairns en partie éboulés.

En un endroit, les herbes s'agitèrent ; elles semblèrent monter, monter, puis s'ouvrirent et retombèrent alors qu'un bras squelettique les traversait. En quelques secondes la terre gorgée d'eau s'écroula, formant un trou grossier où la boue se déversait. La créature s'en sortit graduellement, presque fébrilement, ses membres osseux s'enfonçant dans la terre alors qu'elle se hissait hors de sa tombe.

« Du calme. » pensa Aodhan, qui luttait contre tous ses instincts « Je dois laisser cette chose intact, au moins quelques minutes. Patience, patience... ». Son sang bouillait du désir de mettre fin à l'existence de ce pantin contre-nature...

Une pensée le traversa : « le corps que cette chose utilise... cet homme est peut-être un de mes ancêtres ! » il mordit violemment sa lèvre inférieure, laissant quelques gouttes de sang perler sur le sol trempé. Mais il parvint à se retenir.

Le squelette était à présent debout, à côté de la tombe ouverte qui se remplissait d'eau en gargouillant. Tous ses atours avaient été réduits en poussière par le temps, à l'exception d'une épaulette de bronze verdit qui s'accrochait à son torse vide. Après un instant, comme une hésitation, il se mit en marche. Aodhan commença à le pister.

Voilà des semaines que chaque nuit, invariablement, un corps se relevait dans cette clairière. Un seul chaque nuit, facilement détruit par les barbares qui rôdaient encore ici. Mais Aodhan voulait en savoir plus.

« Nos morts ne devraient pas pouvoir se relever ! » Avait-il dit devant ce qui restait du clan, « Nous avons peut-être faillis, mais nos ancêtres eux sont morts dans l'honneur, et leurs tombes sont donc encore sacrées ! Quelque chose les appelle. Quelque chose d'assez puissant pour passer outre ceci. Quelque chose qui a besoin d'un serviteur et ne peut en créer un lui-même. Quoi que ce soit, nous devons mettre fin à son existence. »

Les autres étaient peu enthousiastes. La plupart des barbares étaient dispersés et découragés, ayant le sentiment d'avoir échoué... maintenant que la pierre-monde était détruite, défendre le Grand Mont n'avait plus de sens pour eux.

Mais Aodhan était jeune et désespéré, prêt à n'importe quoi. Depuis sa naissance on lui avait dit que garder le mont Arreat était son devoir sacré, qu'il fallait s'entraîner, se battre, endurer... ses parents eux-mêmes étaient morts en défendant cette cause ! Et maintenant qu'il avait l'âge de se battre, voilà qu'il n'y avait plus rien à protéger...

« Je ferais ma part pour sauver ce qui peut l'être. Avec ou sans votre aide. »

Son plan était simple : laisser le squelette intact, le suivre jusqu'à son maître, et le détruire... ou être détruit lui-même, et en finir avec tout.

En détruisant la pierre-monde, Tyraël avait changé la face du monde... en premier lieu, il avait tué la race des barbares.

Et maintenant qu'ils étaient morts dans leur coeur, que leur restait-il à perdre ?

La vision d'une jeune femme à la peau bronzée, qu'il avait connu avant la catastrophe, passa fugitivement dans son esprit. Elle avait disparu, comme tant d'autres.

« Rien. Je n'ai plus rien à perdre. »

Il serra sa prise sur sa hache et continua à marcher.
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