Pffff, je pensais qu'être second du navire serait moins barbant que ça. Je suppose que je n'aurais pas dû attendre grand-chose d'une expédition minière. Depuis qu'on est partis de Port-Royal, je n'ai rien eu d'autre à faire que traîner sur le pont et regarder les matelots se disputer entre-eux.
Je n'ai pas trop bien dormi ces temps-ci. On dirait que je n'ai pas le pied aussi marin que je le pensais. Je passe mon temps à vomir, et à chaque fois que le capitaine Hanso m'offre une bière, je suis obligé de trouver une excuse pour refuser.
Après trois jours de tempête sans interruption, je commence vraiment à me dire que le navire est sous le coup d'une sorte de malédiction. Chaque semaine il y a de nouveaux problèmes, et c'est moi qui dois m'en occuper. Je me demande ce qui va lâcher en premier : le navire... ou moi.
Reyes m'a raconté que c'est une espèce de vague monstrueuse qui a coulé le navire. J'étais sous le pont quand c'est arrivé. On est plusieurs à avoir survécu au naufrage. Les autres sont partis au hasard pour essayer de savoir où on peut bien avoir échoué. Comme si ça avait la moindre importance...
C'est de la folie, de la pure folie... Le capitaine a disparu quelque part dans le désert, et le reste des survivants est persuadé qu'il y a une espèce de monstre à nos trousses. Je commence à me dire que c'est ceux qui sont morts pendant le naufrage qui s'en sont le mieux tirés, les veinards.
Tous les autres sont morts, maintenant. Je suis le dernier survivant. Il y a des créatures difformes qui ont attaqué l'épave alors qu'on était presque tous en train de dormir. J'ai réussi à m'enfuir sans me faire attraper... mais à mon avis ça ne va pas durer longtemps. Je les entends... Ils ricanent dans le noir, comme si tout ça n'était qu'un jeu.
et ça sert a quoi ?